L'Avent : Jour 20

Est-ce que César, ou son maître, dans tout ce branle-bas, n’essaie pas de jauger l’état des avancées de Dieu lui-même en ses voies? Cherche-t-il à prendre le contrôle de l’événement à venir? Croit-il pouvoir ainsi empêcher le rétablissement de la royauté de David et, finalement, le triomphe de la volonté de salut de Dieu?

Beaucoup de juifs ont décidé, comme Iossef, de profiter d’un pèlerinage à Jérusalem lors de la fête des Soukkot, la fête des « huttes », pour obéir, à leur corps défendant, à l’édit de César. Iossef voit ce pèlerinage comme une façon de réparer l’injure de César à l’égard de la souveraineté d’Elohim. Pour Mariam et lui, les offrandes traditionnelles des Soukkot seront remplacées par l’offrande de ce voyage, que les circonstances rendent particulièrement exigeant.

L’atmosphère fébrile et gluante qui émane de la Ville sainte renforce le sentiment d’oppression éprouvé par Iossef, qui se préoccupe de son épouse dont la grossesse est fort avancée. Il jette un regard attentif à Mariam, assise sur l’âne. Cet âne est fort costaud et ne connaît pas la démarche habituelle de ces bêtes, il semble plutôt glisser doucement sur le chemin, sans ces à-coups typiques que ses congénères causent à chaque pas. Mariam est étonnamment sereine. À chaque fois que Iossef la regarde, les inquiétudes qui l’assaillent disparaissent, comme noyées dans une mer de douceur et de force. Qu’elle est belle ainsi, telle une vigne plantureuse, porteuse du fruit de la promesse ! On dirait une reine parée de ses plus précieux atours.

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Jean-Marc Rufiange
L'Avent : Jour 21

ls sont arrivés à Jérusalem pendant Soukkot et pourraient participer aux réjouissances traditionnelles. Mais le coeur de Iossef n’y est pas. Au Temple, la prière est absente, et ses parvis grouillent de vendeurs en cette fête devenue presque païenne. Les offrandes des quatre espèces : fruits, rameaux de palmier, branches d’arbres touffus et de gattiliers, abondent, mais on dirait que les dieux de Babylone se sont substitués à l’Éternel pour les recevoir, tellement règne la confusion.

Iossef et Mariam décident de partir dès le lendemain pour Beit Lèchèm (Bethléem). Ils partent de très bon matin. Iossef marche au pas de l’âne, silencieux, alors que Mariam semble plus que sereine. Son visage resplendit, mais comme d’un autre monde, d’une splendeur que seul Iossef semble en mesure de percevoir.

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Jean-Marc Rufiange
Quatrième dimanche de l'Avent

Beit Lèchèm enfin. Le soleil est encore plus implacable aujourd’hui, son apparence même, tel un globe d’or, pèse de tout son poids sur cette humanité effrénée et moite.

Iossef sent comme une vibration dans l’air, une effervescence, et toujours cette angoisse sourde, et il regarde à nouveau Mariam son épouse. Encore une fois, une paix profonde l’envahit. Elle est tellement radieuse que Iossef se demande si elle n’absorbe pas la puissance du soleil dans son corps. Des passants jettent un regard furtif vers elle et certains semblent étonnés par le spectacle singulier composé par cette femme extraordinaire et cet âne étrangement paisible. Un vieillard, à un moment, croise le regard de Iossef et lui sourit.

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Jean-Marc Rufiange
L'Avent : Jour 23

Les formalités du recensement accomplies, Iossef se met à la recherche d’un abri, car le soir tombe lentement. Mais il n’y a plus de place nulle part.

Il faut pourtant trouver gîte et couvert. Après avoir passé la nuit dans les cours des caravansérails tout au long de leur parcours, Iossef hésite désormais à envisager une telle solution, car Mariam est prête d’enfanter. Le brouhaha de ces lieux de rassemblement, les regards furtifs, les conversations superficielles ou les récriminations contre l’envahisseur, toute cette promiscuité, ne conviennent pas à l’événement qui s’en vient. Mais personne n’est prêt à fournir à Iossef ce qu’il désire: un endroit intime pour le repos de son épouse dans la condition qui est la sienne.

C’est dans la cour de l’un de ces lieux que Iossef remarque soudain, en appentis, une belle Soukka, fraîchement aménagée, parfaitement propre, et pourtant apparemment abandonnée. Personne ne sait qui l’a construite et personne ne la réclame. Un seul occupant cependant: un énorme boeuf attaché près de sa mangeoire.

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Jean-Marc Rufiange
L'Avent : Jour 24

Il y règne une certaine fraîcheur malgré le soleil d’or à l’extérieur. Avec du foin et de la paille et leurs couvertures, et quelques ajustements rapides, Iossef en fait un logis fort confortable. Sa tâche terminée, il ne peut que sourire en constatant que, de tout leur voyage, c’est l’endroit où ils auront été le mieux installés et que, de surcroît, ils pourront ainsi remplir la prescription de Moïse pour la fête des Soukkot: « vous habiterez sous des huttes ». Les voies de Dieu sont vraiment surprenantes!

Après s’être assuré que Mariam était bien à son aise, Iossef attache l’âne près du boeuf, puis il s’installe à son tour au côté de son épouse, pour la soutenir et l’assister en cas de besoin.

Quelle étrange aventure. Les voici dans cette soukka dont ils apprécient la fraîcheur reposante et douce, en la paisible compagnie de ces deux belles bêtes. Et Iossef se sent ici chez lui. Dieu leur a préparé ce lieu, cette maison. Quel mystère…

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Jean-Marc Rufiange24
L'Avent: Jour 25

« Beth », la première lettre du Sepher Bereshit, c’est la « maison », le lieu de la création, le lieu de tout. Et ils se retrouvent, Mariam et lui son époux, à la veille de l’Enfantement, justement à Beth-Lehem, « maison-du-pain », la maison de David.

Les grands champs de blé de Beit Lèchèm, ce matin, semblaient gorgés de ce soleil puissant et unique. Que sera le pain de ces grains? Serait-ce le pain de l’offrande véritable que Moïse désirait pour le Seigneur? Beit Lèchèm n’est-elle pas la Maison du Pain… Est-ce que Mariam, aussi gavée de ce soleil miraculeux, porte le Pain qui nourrira Israël relevé?

Le coeur et l’esprit tournés vers l’Avènement tout proche, Iossef ferme les yeux. Il écoute. Le souffle de Mariam parvient à son oreille et remplit le silence de sa tranquillité. Auprès d’elle, Iossef sommeille enfin, toujours vigilant.

Nous sommes le 19 tishrei, l’avant-dernier des jours Chol Ha-moed Soukkot de l’an 3755 après la création du monde.

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Jean-Marc Rufiange25