Joseph de Fatima..Joseph of Fatima

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Je viens de passer une semaine au Domaine Saint-Joseph-lès-Champs où se trouve l'Ermitage du 13 octobre. Les collines qui forment une sorte de couronne autour des grands champs prenaient, de jour en jour, de nouvelles teintes sous les coups de pinceaux de l'automne, dessinant des dégradés de couleurs somptueux.

Je profite davantage de la saison cette année car, lors de mes vacances, j'ai découvert un monde nouveau pour moi, celui de la photographie. Mon oeil s'est fait plus attentif et je m'émerveille de mille et un détails que je ne remarquais pas auparavant: la multitude de nuances dans les couleurs et les formes, les textures, les angles, la diversité des roches, des bois, des champignons, herbes et fleurs sauvages, la composition des paysages et des constructions, les sympathiques bêtes et bestioles, la qualité de présence propre à l'être humain, entre autres lorsqu'il se balade dans la nature, et, par-dessus tout, les cieux! Ils furent ma grande découverte, comme si j'avais jusqu'alors plus ou moins passé ma vie tendue vers quelque activité sans lancer un seul regard à la verticale, sinon furtivement pour voir le temps qu'il faisait dehors.

L'objectif de mon regard s'est ouvert aux détails. Ce mot peut induire en erreur si l'on pense que les détails ne sont pas importants et ne font pas partie de l'essentiel. Au contraire, les détails sont par nature révélateurs. Ne distingue-t-on pas un faux billet de banque d'un vrai à un simple détail? Ce que l'on considère comme un détail, inutile ou négligeable, peut s'avérer un indice de ce qui est véritable ou de ce qui importe, et faire toute la différence du monde.

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I just spent one week at the Domaine Saint-Joseph-lès-Champs where the Hermitage of October 13 is located. The rolling hillside forming as if a crown around the large fields, took on new colours, day by day, under autumn's brushstrokes, painting shades of sumptuous colours.

I have a greater appreciation for the season this year because during my vacation, I discovered a new world for me, that of photography. My eye has become more attentive and I marvel at the thousand and one details that I did not notice before: the multitude of nuances in colours and shapes, textures, angles, the diversity of rocks, wood, mushrooms, herbs and wild flowers, the composition of landscapes and buildings, friendly creatures and critters, the quality of presence which is unique humankind, among others, when he takes a stroll in the nature, and, above all, the heavens! They were my great discovery; as if I had hitherto more or less spent my life stretched toward some activity without casting a glance vertically, if not otherwise furtively, to see what the weather was outside.

The lens of my eyes opened themselves to details. This word can be misleading if we think that the details are not important and are not part of the essential. On the contrary, the details are by their very nature, indicative. Does not one distinguish a fake banknote from a real by a mere detail? What one can consider as a detail, useless or insignificant, may be an indication of what is true or what is important and make all the difference in the world.

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Un détail entre les détails

Comme j'avais le projet durant cette semaine d'ermitage d'écrire un article sur Joseph en lien avec l'apparition du 13 octobre 1917 à Fatima, j'ai commencé par relire le témoignage des trois enfants sur la vision qu'ils ont eue pendant le miracle du soleil. Lorsque le soleil s'est mis à danser dans les cieux en un tourbillon multicolore, les 50 000 personnes et plus qui en étaient témoins en avaient vraiment plein la vue. Elles n'ont su qu'après ce dont les enfants avaient eux-mêmes été témoins durant ce temps. Le compte rendu qu'ils en ont fait tient en quelques phrases. Mais ce compte rendu a beau être très simple, je me suis aperçue qu'il est facile, avec le temps, d'en perdre le libellé exact, et même - c'est mon cas -, de se méprendre sur un détail majeur.

Voici ce que dit Lucie, l'aînée des trois enfants, qui est la seule à avoir contemplé la vision dans ses trois étapes, les plus jeunes, Jacinthe et François, n'ayant vu que la première: 

«[…] nous avons vu, à côté du soleil, Saint Joseph avec l'Enfant Jésus et Notre Dame, vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l'Enfant Jésus semblaient bénir le monde avec des gestes qu'ils faisaient de la main, en forme de croix.
Peu après, cette Apparition s'étant évanouie, j'ai vu Notre Seigneur, et Notre Dame qui me donnait l'impression d'être Notre Dame des douleurs. Notre Seigneur paraissait bénir le monde de la même manière que l’avait fait saint Joseph.
Cette apparition disparut et il me sembla voir encore Notre Dame sous l'aspect de Notre Dame du Carmel.» (1)

Le détail qui m'a sauté aux yeux vous est-il apparu soudain tout comme à moi? J'avais retenu l'expression à la manière de saint Joseph comme faisant partie de la première partie de la vision. Erreur! Elle fait partie de la seconde. Est-ce un auteur que j'ai lu sur le sujet ou seulement moi-même qui ai opéré cette «transformation» du récit, je ne sais trop.
Sous un certain angle, c'est compréhensible, car, pris tel quel, ce détail met la théologie sens dessus dessous! Que Jésus encore tout petit imite les gestes de son père Joseph, cela passe toujours, mais que Jésus adulte, le Rédempteur et Seigneur, soit perçu par les voyants comme bénissant encore le monde à la manière de Joseph, a de quoi bouleverser les schèmes établis.

Devons-nous considérer ce point du récit des enfants comme étant sans importance, une simple impression ou une remarque naïve, charmante certes, mais sans conséquences? Les témoins ne sont que des enfants après tout! Ou bien, cette mise à part de Lucie, Jacinthe et François durant le miracle du soleil correspond en quelque sorte à la mise à part des disciples quand Jésus leur expliquait plus en profondeur le sens de ses paraboles. C'est ce dernier parti que j'ai pris. Le miracle du soleil est un signe, la vision donnée aux enfants est un enseignement et comporte un message.

Je me suis donc demandé pendant ces quelques jours passés aux portes de l'Ermitage du 13 octobre: Pourquoi Jésus bénissait-il le monde à la manière de Joseph? Qu'avait-elle de si spéciale et de si reconnaissable la manière de bénir de Joseph pour que les enfants prennent la peine de le noter dans leur très court récit.

Et des idées me sont venues…

Francine Dupras

Référence: (1) Lucie raconte Fatima (traduction intégrale des «Mémoires de Soeur Lucie», présentation Dom Claude Jean-Nesmy, o.s.b., traduction R.P. Reginald Simonin, o.p., 1976 (2e édition), Fatima-Éditions-Desclée de Brouwer, p.168.)

La réflexion se poursuit avec un second article intitulé : L'importance du jour.
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A DETAIL AMONG DETAILS

As I had the project during this week of hermitage to write an article on Joseph in connection with the appearance of October 13, 1917, in Fatima, I started to reread the testimony of three children on the vision they had during the Miracle of the Sun. When the sun began to dance in the heavens in a multicolored swirl 50000 and more people who were witness to this were really impressed. They only learned after of what children themselves had witnessed during that time. The record they made of the event is contained in a few sentences. Though this report may well be very simple, I realized that it is easy, over time, to lose the exact wording, and even - in my case - to mistake an important detail.

Here's what Lucia said, the eldest of three children, which is the only one who beheld the vision in its three stages, the youngest, Jacinta and Francisco, only saw the first stage: 

"[…] We saw, beside the sun, Saint Joseph with the Child Jesus and Our Lady robed in white with a blue mantle. Saint Joseph and the Child Jesus appeared to bless the world with gestures they made with their hands, in the shape of a cross.
Soon after, this apparition having faded, I saw Our Lord and Our Lady who gave me the impression that she was Our Lady of Sorrows. Our Lord appeared to bless the world
in the same manner as Saint Joseph had done.
This apparition disappeared and I seemed to still see Our Lady in the aspect of Our Lady of Carmel. " (1)

The detail that jumped out at me, did it suddenly appear to you, as it did to me? I had retained the expression in the manner of Saint Joseph as being part of the first part of vision. Error! It is part of the second. Is it an author that I read on the subject or just myself who have operated this "transformation" of the story, I do not know.
From one angle, this is understandable because, taken as is, this detail puts theology upside down! That Jesus, still very young, imitates his father's gestures, this can be accepted, but that as an adult, Jesus, the Redeemer, and Lord, be perceived by the seers as still blessing the world in the manner that Joseph had, has something to upset established patterns.

Should we consider this element of the children's story as being unimportant, a mere impression or a naive remark, charming indeed, but without consequences? The witnesses are but children after all! Or else, this setting apart of Lucia, Jacinta and Francisco during the Miracle of the Sun corresponds in some way to the setting aside of the disciples when Jesus explained to them the deeper meaning of his parables. It is the latter part that I took. The Miracle of the Sun is a sign, the Vision given to the children is a teaching and has a message.

I, therefore, asked myself during these few days spent at the gates of the Hermitage of October 13: Why did Jesus bless the world in the manner of Joseph? What was so special and recognizable in the way that Joseph blessed for the children to bother to note it in their very short story.

And ideas came to me…

Francine Dupras

Reference: (1) English translation of an extract of the book "Lucie raconte Fatima" (Full translation of "Sister Lucia's memoirs," presentation Dom Claude Jean-Nesmy, OSB, translation RP Reginald Simonin, op, 1976 (2nd edition), Fatima-Éditions-Desclée Brouwer, p.168.)

The reflection of the author continues with the article : The importance of the day.
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Francine Dupras