Le burn out du follower

Grillé, brûlé, consumé, épuisé, anéanti, «destroyed», le «burn out» est un thème porteur, on trouve de nombreux livres aux titres évocateurs sur le sujet.

Les chrétiens utilisent les mêmes mots, dans un registre différent. Être brûlé par l’amour, enflammé, embrasé, brûlant, consumé oui mais positivement. Mais en ce cas, comment départager le «burn out» négatif, celui qui, dans notre cheminement nous éloigne de Dieu, de la «flamme d’amour» de saint Jean de la Croix ?

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Celui qui travaille en entreprise entrera facilement dans la surenchère de l’activisme: flatté de gérer des collaborateurs visibles ou virtuels dans le monde entier. Entrainé dans des voyages, des chiffres et le souci de la production, il aura tendance à traiter son rapport avec Dieu comme son travail: production d’œuvres visibles, multiplication de «likes» sur le réseau chrétien. Il visera un nombre grandissant de «followers», l’accumulation de missions et sa prière sera sur le même modèle. Elle privilégiera l’efficacité cinq étoile façon Airbnb et les commentaires exploitables pour une gloire personnelle, sur le modèle contractuel: vois Seigneur, je me donne à fond pour toi, tu me dois bien un «like»!

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La vie intérieure et cachée, celle qui est l’âme et la source de la fécondité, ne sera plus ni intérieure, ni cachée. C’est le «burn out» du «follower» des temps modernes, la disparition de la vie de prière intime et personnelle, celle qui demande du temps, celle qui ne se voit pas, qui se vit dans le secret. Est-ce nouveau, ces témoins qui craquent et tombent de leur piédestal, du haut de leur réussite? Voici un extrait d’un livre sur le sujet, il s’agit du moment où une personne se rend compte qu’elle a lâché la prière pour l’action, elle sent qu’elle doit s’arrêter pour prier, elle le voudrait mais:

«Elle a maintenant savouré le plaisir de voir ses efforts couronnés des plus encourageants succès: Demain, demain, s’écrie-t-elle. Aujourd’hui, impossible; le temps manque, car je dois continuer cette série de sermons, écrire cet article, organiser ce syndicat, cette société charitable, préparer cette représentation, faire ce voyage, mettre à jour ma correspondance, etc…» Don Chautard, L’âme de tout apostolat, 1912.

Voilà une personne en route vers le «burn out» du «follower». Le rythme frénétique de l’action, et le rythme non moins frénétique des loisirs en compensation, éveillera le dégoût par la fatigue, puis par la perte de sens. Agir devient plus qu’une passion, une fièvre alimentée par le tentateur.

Voici la réaction prise sur le vif (en 1912) de don Chautard, notre correspondant en direct sur ce très moderne sujet:

« Égoïste et stérile la vie intérieure de Marie et de Joseph! Quel blasphème et quelle absurdité! Et pourtant, nulle œuvre extérieure ne leur est attribuée. La seule irradiation sur le monde d’une vie intérieure intensive, les mérites des prières et des sacrifices appliqués à l’extension des bienfaits de la Rédemption ont suffi à constituer Marie, reine des apôtres, et Joseph, patron de l’Église universelle »

Quoi de mieux pour raviver la flamme intérieure, celle qui brûle «inside», et non pas «out»? Alors cette flamme ira aux périphéries sans jamais s’éteindre!

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Colibri

j'écris comme je suis, du lourd ou du léger, le coeur libre et le sourire aux lèvres


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