....Le prophétisme d'une encyclique..The Prophetism of an Encyclical....

….Du 24 mai 2020 au 24 mai 2021 aura lieu l’année Laudato si’. Une initiative annoncée par le Pape François pour marquer les cinq ans de l’encyclique. Pour l’occasion, Périfmédia vous propose ce texte paru initialement en 2015 mais dont les propos sont toujours actuels.

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From May 24, 2020 to May 24, 2021 will be the year Laudato si'. A Pope Francis' initiative marking the five years of the encyclical. For the occasion, Périfmédia recommends this publication of 2015, whose content is still up-to-date.

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….L’encyclique Lumen Fidei (La lumière de la foi) publiée le 29 juin 2013 a été décrite comme une encyclique «à quatre mains», François assumant et complétant le travail entrepris par Benoît XVI. L’encyclique Laudato si’ (Loué sois-tu!) en date du 24 mai 2015 est donc la première encyclique qui soit le fruit de l’initiative de François.

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The encyclical Lumen Fidei (The Light of Faith) published on June 29, 2013 has been described as a “four hands” encyclical, with Francis taking on and completing the work undertaken by Benedict XVI. The encyclical Laudato si ' (Praised be to you, my Lord!) dated May 24, 2015, is therefore the first encyclical to be the fruit of Francis' initiative.

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….Il ne faudrait pas que nous nous arrêtions à ce que nous en disent les médias et à la version récupérée qu’en feront les divers partis pris idéologiques concernant l’environnement et la gérance des biens de notre planète.

François dénonce, certes, des comportements défectueux concernant l’exploitation abusive des ressources, le gaspillage, le consumérisme, la primauté des intérêts économiques et financiers sur le bien commun, l’indifférence envers les pauvres. Mais, en y regardant de plus près, on constate que son propos va encore plus loin et en profondeur, se fait plus global.

Cette encyclique nous semble prophétique.

François nous fait retourner au commencement, à la richesse des récits bibliques de la création. Il nous pousse ainsi vers la périphérie ultime de nos réflexions actuelles essentiellement centrées sur «nos intérêts » immédiats, divers et divergents. Pour l’écouter et répondre à l’appel qu’il nous lance, il faut effectivement que s’opère une «révolution» dans notre manière de voir les choses.

Dans les récits bibliques de la création, on pourrait dire que se trouvent les bases de toutes réflexions, sur tous les sujets. Tout y est puisque tout, dans la création, est lié. Les véritables solutions aux crises résurgentes de l’humanité ne peuvent se trouver en dehors de son principe, le projet créateur et créatif de Dieu.

Le caractère prophétique de l’encyclique se manifeste tout particulièrement, pensons-nous, dans le fait qu’elle nous amène à la Trinité elle-même et nous présente Marie et Joseph «ensemble». La connaissance de la Trinité ne s’y limite pas à la croyance en un dogme de foi; elle apparaît comme une clé de lecture de la réalité et une clé de notre propre épanouissement. Et, nous dégageant d’un christocentrisme sévère, elle nous permet d’apercevoir au côté de Marie la figure de Joseph. Avec Jésus, ils sont le symbole d’une écologie humaine accomplie.

Plutôt que de faire un résumé de l’encyclique ou tout simplement de renvoyer au texte intégral, nous avons pensé vous offrir un florilège de réflexions choisies parmi celles qui s’y trouvent.

Puissions-nous accueillir le prophétisme de François et nous en inspirer.

Texte publié initialement sur le site: Tendances et Enjeu.

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We should not focus on media's opinions or the various ideological biases concerning the environment and the stewardship of our planet.

Francis denounces, of course, faulty behavior in the abusive exploitation of resources, waste, consumerism, the primacy of economic and financial interests over the common good, indifference to the poor. But, looking more closely, we see that his statements go even further, in greater depth, and are more global.

This encyclical seems prophetic to us.

Francis brings us back to the beginning, to the richness of the biblical stories of creation. Thus, it pushes us towards the ultimate periphery of our current reflections essentially centered on “our current interests”, diverse and divergent. To listen to him and answer his call, a “revolution” must indeed take place in our way of seeing things.

In the biblical accounts of creation, one could say that the bases of all reflections are found, on all subjects. Everything is there because everything in creation is linked. The real solutions to the resurgent crises of humanity cannot be found outside its principle, the creative project of God.

The prophetic character of the encyclical is particularly evident, we believe, in the fact that it leads us to the Trinity and presents Mary and Joseph "together". The knowledge of the Trinity is not limited to the belief in a dogma of faith; it provides a key to understand reality and a key to our own fulfillment. And, releasing us from a severe christocentrism, it allows us to see Joseph's figure beside Mary. Along with Jesus, they are the center of an accomplished human ecology.

Rather than summarizing the encyclical or simply referring to the full text, we thought we would offer you an anthology of reflections chosen from the whole document.

May we embrace Pope Francis' prophecy and be inspired by it.

Text originally published on the site: Tendances et Enjeu.

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….Florilège de réflexions extraites de l’encyclique Laudato si’

..SELECTION OF REFLECTIONS FROM THE ENCYCLIC LAUDATO SI'

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….(Note : Nous avons conservé les numéros correspondant au texte de l’encyclique)

Introduction

1. «Laudato si’, mi’ Signore»– «Loué sois-tu, mon Seigneur», chantait saint François d’Assise. Dans ce beau cantique, il nous rappelait que notre maison commune est aussi comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts : «Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe».

2. Cette sœur crie en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter.

La sagesse des récits bibliques

65. Sans répéter ici l’entière théologie de la création, nous nous demandons ce que disent les grands récits bibliques sur la création et sur la relation entre l’être humain et le monde. Dans le premier récit de l’œuvre de la création, dans le livre de la Genèse, le plan de Dieu inclut la création de l’humanité. Après la création de l’être humain, il est dit que «Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon» (Gn 1, 31). La Bible enseigne que chaque être humain est créé par amour, à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26). Cette affirmation nous montre la très grande dignité de toute personne humaine, qui «n’est pas seulement quelque chose, mais quelqu’un. Elle est capable de se connaître, de se posséder, et de librement se donner et entrer en communion avec d’autres personnes».[37] Saint Jean-Paul II a rappelé que l’amour très particulier que le Créateur a pour chaque être humain lui confère une dignité infinie.[38] Ceux qui s’engagent dans la défense de la dignité des personnes peuvent trouver dans la foi chrétienne les arguments les plus profonds pour cet engagement. Quelle merveilleuse certitude de savoir que la vie de toute personne ne se perd pas dans un chaos désespérant, dans un monde gouverné par le pur hasard ou par des cycles qui se répètent de manière absurde ! Le Créateur peut dire à chacun de nous : «Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu » (Jr 1, 5). Nous avons été conçus dans le cœur de Dieu, et donc, «chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire ».[39]

66. Les récits de la création dans le livre de la Genèse contiennent, dans leur langage symbolique et narratif, de profonds enseignements sur l’existence humaine et sur sa réalité historique. Ces récits suggèrent que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre. Selon la Bible, les trois relations vitales ont été rompues, non seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur de nous. Cette rupture est le péché. L’harmonie entre le Créateur, l’humanité et l’ensemble de la création a été détruite par le fait d’avoir prétendu prendre la place de Dieu, en refusant de nous reconnaître comme des créatures limitées. Ce fait a dénaturé aussi la mission de «soumettre» la terre (cf. Gn 1, 28), de «la cultiver et la garder» (Gn 2, 15). Comme résultat, la relation, harmonieuse à l’origine entre l’être humain et la nature, est devenue conflictuelle (cf. Gn 3, 17-19). Pour cette raison, il est significatif que l’harmonie que vivait saint François d’Assise avec toutes les créatures ait été interprétée comme une guérison de cette rupture. (…)

67. Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée. Cela permet de répondre à une accusation lancée contre la pensée judéo-chrétienne : il a été dit que, à partir du récit de la Genèse qui invite à “dominer” la terre (cf. Gn 1, 28), on favoriserait l’exploitation sauvage de la nature en présentant une image de l’être humain comme dominateur et destructeur. Ce n’est pas une interprétation correcte de la Bible, comme la comprend l’Église. S’il est vrai que, parfois, nous les chrétiens avons mal interprété les Écritures, nous devons rejeter aujourd’hui avec force que, du fait d’avoir été créés à l’image de Dieu et de la mission de dominer la terre, découle pour nous une domination absolue sur les autres créatures. Il est important de lire les textes bibliques dans leur contexte, avec une herméneutique adéquate, et de se souvenir qu’ils nous invitent à “cultiver et garder” le jardin du monde (cf. Gn 2, 15). Alors que “cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature. Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures ; car, en définitive, «au Seigneur la terre» (Ps 24, 1), à lui appartiennent «la terre et tout ce qui s’y trouve» (Dt 10, 14). Pour cette raison, Dieu dénie toute prétention de propriété absolue : «La terre ne sera pas vendue avec perte de tout droit, car la terre m’appartient, et vous n’êtes pour moi que des étrangers et des hôtes» (Lv 25, 23).

68. Cette responsabilité vis-à-vis d’une terre qui est à Dieu implique que l’être humain, doué d’intelligence, respecte les lois de la nature et les délicats équilibres entre les êtres de ce monde, parce que «lui commanda, eux furent créés, il les posa pour toujours et à jamais sous une loi qui jamais ne passera» (Ps 148, 5b-6). C’est pourquoi la législation biblique s’attarde à proposer à l’être humain diverses normes, non seulement en relation avec ses semblables, mais aussi en relation avec les autres êtres vivants : «Si tu vois tomber en chemin l’âne ou le bœuf de ton frère, tu ne te déroberas pas […] Si tu rencontres en chemin un nid avec des oisillons ou des œufs, sur un arbre ou par terre, et que la mère soit posée sur les oisillons ou les œufs, tu ne prendras pas la mère sur les petits» (Dt 22, 4.6). Dans cette perspective, le repos du septième jour n’est pas proposé seulement à l’être humain, mais aussi «afin que se reposent ton âne et ton bœuf » (Ex 23, 12). Nous nous apercevons ainsi que la Bible ne donne pas lieu à un anthropocentrisme despotique qui se désintéresserait des autres créatures.

69. En même temps que nous pouvons faire un usage responsable des choses, nous sommes appelés à reconnaître que les autres êtres vivants ont une valeur propre devant Dieu et, «par leur simple existence ils le bénissent et lui rendent gloire»[41], puisque «le Seigneur se réjouit en ses œuvres» (Ps 104, 31). Précisément en raison de sa dignité unique et par le fait d’être doué d’intelligence, l’être humain est appelé à respecter la création avec ses lois internes, car «le Seigneur, par la sagesse, a fondé la terre » (Pr 3, 19). Aujourd’hui l’Église ne dit pas seulement que les autres créatures sont complètement subordonnées au bien de l’homme, comme si elles n’avaient aucune valeur en elles-mêmes et que nous pouvions en disposer à volonté. Pour cette raison, les Évêques d’Allemagne ont enseigné au sujet des autres créatures qu’«on pourrait parler de la priorité de l’être sur le fait d’être utile »[42]. Le Catéchisme remet en cause, de manière très directe et insistante, ce qui serait un anthropocentrisme déviant : «Chaque créature possède sa bonté et sa perfection propres […] Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinies de Dieu. C’est pour cela que l’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses ».[43]

70. Dans le récit concernant Caïn et Abel, nous voyons que la jalousie a conduit Caïn à commettre l’injustice extrême contre son frère. Ce qui a provoqué à son tour une rupture de la relation entre Caïn et Dieu, et entre Caïn et la terre dont il a été exilé. Ce passage est résumé dans la conversation dramatique entre Dieu et Caïn. Dieu demande : «Où est ton frère Abel ?». Caïn répond qu’il ne sait pas et Dieu insiste: «Qu’as-tu fait? Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol! Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile » (Gn 4, 9-11). La négligence dans la charge de cultiver et de garder une relation adéquate avec le voisin, envers lequel j’ai le devoir d’attention et de protection, détruit ma relation intérieure avec moi-même, avec les autres, avec Dieu et avec la terre. Quand toutes ces relations sont négligées, quand la justice n’habite plus la terre, la Bible nous dit que toute la vie est en danger. C’est ce que nous enseigne le récit sur Noé, quand Dieu menace d’exterminer l’humanité en raison de son incapacité constante à vivre à la hauteur des exigences de justice et de paix : «La fin de toute chair est arrivée, je l’ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes » (Gn 6, 13). Dans ces récits si anciens, emprunts de profond symbolisme, une conviction actuelle était déjà présente : tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres.

Le message de chaque créature dans l’harmonie de toute la création

85. Dieu a écrit un beau livre «dont les lettres sont représentées par la multitude des créatures présentes dans l’univers».[54] Les Évêques du Canada ont souligné à juste titre qu’aucune créature ne reste en dehors de cette manifestation de Dieu : «Des vues panoramiques les plus larges à la forme de vie la plus infime, la nature est une source constante d’émerveillement et de crainte. Elle est, en outre, une révélation continue du divin».[55] Les Évêques du Japon, pour leur part, ont rappelé une chose très suggestive : «Entendre chaque créature chanter l’hymne de son existence, c’est vivre joyeusement dans l’amour de Dieu et dans l’espérance ».[56] Cette contemplation de la création nous permet de découvrir à travers chaque chose un enseignement que Dieu veut nous transmettre, parce que «pour le croyant contempler la création c’est aussi écouter un message, entendre une voix paradoxale et silencieuse ».[57] Nous pouvons affirmer qu’«à côté de la révélation proprement dite, qui est contenue dans les Saintes Écritures, il y a donc une manifestation divine dans le soleil qui resplendit comme dans la nuit qui tombe ».[58]

86. L’ensemble de l’univers, avec ses relations multiples, révèle mieux l’inépuisable richesse de Dieu. Saint Thomas d’Aquin faisait remarquer avec sagesse que la multiplicité et la variété proviennent «de l’intention du premier agent », qui a voulu que «ce qui manque à chaque chose pour représenter la bonté divine soit suppléé par les autres »,[60] parce qu’«une seule créature ne saurait suffire à […] représenter comme il convient »[61] sa bonté. C’est pourquoi nous avons besoin de saisir la variété des choses dans leurs relations multiples.[62] Par conséquent, on comprend mieux l’importance et le sens de n’importe quelle créature si on la contemple dans l’ensemble du projet de Dieu. Le Catéchisme l’enseigne ainsi: «L’interdépendance des créatures est voulue par Dieu. Le soleil et la lune, le cèdre et la petite fleur, l’aigle et le moineau : le spectacle de leurs innombrables diversités et inégalités signifie qu’aucune des créatures ne se suffit à elle-même. Elles n’existent qu’en dépendance les unes des autres, pour se compléter mutuellement, au service les unes des autres».[63]

87. Quand nous prenons conscience du reflet de Dieu qui se trouve dans tout ce qui existe, le cœur expérimente le désir d’adorer le Seigneur pour toutes ses créatures, et avec elles, comme cela est exprimé dans la belle hymne de saint François d’Assise:

«Loué sois-tu, mon Seigneur,
avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère soleil,
qui est le jour, et par lui tu nous illumines.
Et il est beau et rayonnant avec grande splendeur,
de toi, Très Haut, il porte le signe.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour sœur lune et les étoiles,
dans le ciel tu les as formées
claires, précieuses et belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère vent,
et pour l’air et le nuage et le ciel serein
et tous les temps,
par lesquels à tes créatures tu donnes soutien.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur eau,
qui est très utile et humble,
et précieuse et chaste.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère feu,
par lequel tu illumines la nuit,
et il est beau et joyeux, et robuste et fort».[64]

Crise et conséquence de l’anthropocentrisme moderne

117. Le manque de préoccupation pour mesurer les préjudices causés à la nature et l’impact environnemental des décisions est seulement le reflet le plus visible d’un désintérêt pour reconnaître le message que la nature porte inscrit dans ses structures mêmes. (…) Tout est lié. Si l’être humain se déclare autonome par rapport à la réalité et qu’il se pose en dominateur absolu, la base même de son existence s’écroule, parce qu’«au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l’œuvre de la création, l’homme se substitue à Dieu et ainsi finit par provoquer la révolte de la nature».[95]

L’écologie humaine

155. (…) Benoît XVI affirmait qu’il existe une “écologie de l’homme” parce que «l’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté».[120] Dans ce sens, il faut reconnaître que notre propre corps nous met en relation directe avec l’environnement et avec les autres êtres vivants. L’acceptation de son propre corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et pour accepter le monde tout entier comme don du Père et maison commune; tandis qu’une logique de domination sur son propre corps devient une logique, parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations, est essentiel pour une vraie écologie humaine. La valorisation de son propre corps dans sa féminité ou dans sa masculinité est aussi nécessaire pour pouvoir se reconnaître soi-même dans la rencontre avec celui qui est différent. De cette manière, il est possible d’accepter joyeusement le don spécifique de l’autre, homme ou femme, œuvre du Dieu créateur, et de s’enrichir réciproquement. Par conséquent, l’attitude qui prétend «effacer la différence sexuelle parce qu’elle ne sait plus s’y confronter »[121], n’est pas saine. 

La Trinité et la relation entre les créatures

238. Le Père est l’ultime source de tout, fondement aimant et communicatif de tout ce qui existe. Le Fils, qui le reflète, et par qui tout a été créé, s’est uni à cette terre quand il a été formé dans le sein de Marie. L’Esprit, lien infini d’amour, est intimement présent au cœur de l’univers en l’animant et en suscitant de nouveaux chemins. Le monde a été créé par les trois Personnes comme un unique principe divin, mais chacune d’elles réalise cette œuvre commune selon ses propriétés personnelles. C’est pourquoi «lorsque […] nous contemplons avec admiration l’univers dans sa grandeur et sa beauté, nous devons louer la Trinité tout entière ».[169]

239. Pour les chrétiens, croire en un Dieu qui est un et communion trinitaire, incite à penser que toute la réalité contient en son sein une marque proprement trinitaire. Saint Bonaventure en est arrivé à affirmer que, avant le péché, l’être humain pouvait découvrir comment chaque créature «atteste que Dieu est trine». Le reflet de la Trinité pouvait se reconnaître dans la nature «quand ce livre n’était pas obscur pour l’homme et que le regard de l’homme n’avait pas été troublé».[170] Le saint franciscain nous enseigne que toute créature porte en soi une structure proprement trinitaire, si réelle qu’elle pourrait être spontanément contemplée si le regard de l’être humain n’était pas limité, obscur et fragile. Il nous indique ainsi le défi d’essayer de lire la réalité avec une clé trinitaire.

240. Les Personnes divines sont des relations subsistantes, et le monde, créé selon le modèle divin, est un tissu de relations. Les créatures tendent vers Dieu, et c’est le propre de tout être vivant de tendre à son tour vers autre chose, de telle manière qu’au sein de l’univers nous pouvons trouver d’innombrables relations constantes qui s’entrelacent secrètement[171]. Cela nous invite non seulement à admirer les connexions multiples qui existent entre les créatures, mais encore à découvrir une clé de notre propre épanouissement. En effet, plus la personne humaine grandit, plus elle mûrit et plus elle se sanctifie à mesure qu’elle entre en relation, quand elle sort d’elle-même pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres et avec toutes les créatures. Elle assume ainsi dans sa propre existence ce dynamisme trinitaire que Dieu a imprimé en elle depuis sa création. (…)

Marie et Joseph

241. Marie, la Mère qui a pris soin de Jésus, prend soin désormais de ce monde blessé, avec affection et douleur maternelles. Comme, le cœur transpercé, elle a pleuré la mort de Jésus, maintenant elle compatit à la souffrance des pauvres crucifiés et des créatures de ce monde saccagées par le pouvoir humain. Totalement transfigurée, elle vit avec Jésus, et toutes les créatures chantent sa beauté. Elle est la Femme «enveloppée de soleil, la lune est sous ses pieds, et douze étoiles couronnent sa tête » (Ap 12, 1). Élevée au ciel, elle est Mère et Reine de toute la création. Dans son corps glorifié, avec le Christ ressuscité, une partie de la création a atteint toute la plénitude de sa propre beauté. Non seulement elle garde dans son cœur toute la vie de Jésus qu’elle conservait fidèlement (cf. Lc 2, 51.51), mais elle comprend aussi maintenant le sens de toutes choses. C’est pourquoi, nous pouvons lui demander de nous aider à regarder ce monde avec des yeux plus avisés.

242. À côté d’elle, dans la Sainte Famille de Nazareth, se détache la figure de saint Joseph. Il a pris soin de Marie et de Jésus; il les a défendus par son travail et par sa généreuse présence, et il les a libérés de la violence des injustes en les conduisant en Égypte. Dans l’Évangile, il apparaît comme un homme juste, travailleur, fort. Mais de sa figure, émane aussi une grande tendresse, qui n’est pas le propre des faibles, mais le propre de ceux qui sont vraiment forts, attentifs à la réalité pour aimer et pour servir humblement. Voilà pourquoi il a été déclaré protecteur de l’Église universelle. Il peut aussi nous enseigner à protéger, il peut nous motiver à travailler avec générosité et tendresse pour prendre soin de ce monde que Dieu nous a confié.

Vers la plénitude

243. A la fin, nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu (cf. 1 Co 13, 12) et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de l’univers qui participera avec nous à la plénitude sans fin. Oui, nous voyageons vers le sabbat de l’éternité, vers la nouvelle Jérusalem, vers la maison commune du ciel. Jésus nous dit : «Voici, je fais l’univers nouveau» (Ap 21, 5). La vie éternelle sera un émerveillement partagé, où chaque créature, transformée d’une manière lumineuse, occupera sa place et aura quelque chose à apporter aux pauvres définitivement libérés.

Marchons en chantant!

244. Entre-temps, nous nous unissons pour prendre en charge cette maison qui nous a été confiée, en sachant que tout ce qui est bon en elle sera assumé dans la fête céleste. Ensemble, avec toutes les créatures, nous marchons sur cette terre en cherchant Dieu, parce que «si le monde a un principe et a été créé, il cherche celui qui l’a créé, il cherche celui qui lui a donné un commencement, celui qui est son Créateur».[172] Marchons en chantant ! Que nos luttes et notre préoccupation pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de l’espérance.

245. Dieu qui nous appelle à un engagement généreux, et à tout donner, nous offre les forces ainsi que la lumière dont nous avons besoin pour aller de l’avant. Au cœur de ce monde, le Seigneur de la vie qui nous aime tant, continue d’être présent. Il ne nous abandonne pas, il ne nous laisse pas seuls, parce qu’il s’est définitivement uni à notre terre, et son amour nous porte toujours à trouver de nouveaux chemins. Loué soit-il.

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(Note: We have kept the numbers corresponding to the text of the encyclical)

Introduction

1. "Laudato si', mi' Signore" - "Praised be to you, my Lord", sang Saint Francis of Assisi. In the words of this beautiful canticle, Saint Francis of Assisi reminds us that our common home is like a sister with whom we share our life and a beautiful mother who opens her arms to embrace us. “Praise be to you, my Lord, through our Sister, Mother Earth, who sustains and governs us, and who produces various fruits with coloured flowers and herbs”.

2. This sister now cries out to us because of the harm we have inflicted on her by our irresponsible use and abuse of the goods with which God has endowed her. We have come to see ourselves as her lords and masters, entitled to plunder her at will.

The Wisdom of Bible Accounts

65. Without repeating the entire theology of creation, we can ask what the great biblical narratives say about the relationship of human beings with the world. In the first creation account in the Book of Genesis, God’s plan includes creating humanity. After the creation of man and woman, “God saw everything that he had made, and behold it was very good” (Gen 1:31). The Bible teaches that every man and woman is created out of love and made in God’s image and likeness (cf. Gen 1:26). This shows us the immense dignity of each person, “who is not just something, but someone. He is capable of self-knowledge, of self-possession and of freely giving himself and entering into communion with other persons”.[37]Saint John Paul II stated that the special love of the Creator for each human being “confers upon him or her an infinite dignity”.[38]Those who are committed to defending human dignity can find in the Christian faith the deepest reasons for this commitment. How wonderful is the certainty that each human life is not adrift in the midst of hopeless chaos, in a world ruled by pure chance or endlessly recurring cycles! The Creator can say to each of us: “Before I formed you in the womb, I knew you” (Jer 1:5). We were conceived in the heart of God, and for this reason “each of us is the result of a thought of God. Each of us is willed, each of us is loved, each of us is necessary”.[39]

66. The creation accounts in the book of Genesis contain, in their own symbolic and narrative language, profound teachings about human existence and its historical reality. They suggest that human life is grounded in three fundamental and closely intertwined relationships: with God, with our neighbour and with the earth itself. According to the Bible, these three vital relationships have been broken, both outwardly and within us. This rupture is sin. The harmony between the Creator, humanity and creation as a whole was disrupted by our presuming to take the place of God and refusing to acknowledge our creaturely limitations. This in turn distorted our mandate to “have dominion” over the earth (cf. Gen 1:28), to “till it and keep it” (Gen 2:15). As a result, the originally harmonious relationship between human beings and nature became conflictual (cf. Gen 3:17-19). It is significant that the harmony which Saint Francis of Assisi experienced with all creatures was seen as a healing of that rupture. (…)

67. We are not God. The earth was here before us and it has been given to us. This allows us to respond to the charge that Judaeo-Christian thinking, on the basis of the Genesis account which grants man “dominion” over the earth (cf. Gen 1:28), has encouraged the unbridled exploitation of nature by painting him as domineering and destructive by nature. This is not a correct interpretation of the Bible as understood by the Church. Although it is true that we Christians have at times incorrectly interpreted the Scriptures, nowadays we must forcefully reject the notion that our being created in God’s image and given dominion over the earth justifies absolute domination over other creatures. The biblical texts are to be read in their context, with an appropriate hermeneutic, recognizing that they tell us to “till and keep” the garden of the world (cf. Gen 2:15). “Tilling” refers to cultivating, ploughing or working, while “keeping” means caring, protecting, overseeing and preserving. This implies a relationship of mutual responsibility between human beings and nature. Each community can take from the bounty of the earth whatever it needs for subsistence, but it also has the duty to protect the earth and to ensure its fruitfulness for coming generations. “The earth is the Lord’s” (Ps 24:1); to him belongs “the earth with all that is within it” (Dt 10:14). Thus God rejects every claim to absolute ownership: “The land shall not be sold in perpetuity, for the land is mine; for you are strangers and sojourners with me” (Lev 25:23).

68. This responsibility for God’s earth means that human beings, endowed with intelligence, must respect the laws of nature and the delicate equilibria existing between the creatures of this world, for “he commanded and they were created; and he established them for ever and ever; he fixed their bounds and he set a law which cannot pass away” (Ps 148:5b-6).  The laws found in the Bible dwell on relationships, not only among individuals but also with other living beings. “You shall not see your brother’s donkey or his ox fallen down by the way and withhold your help […] If you chance to come upon a bird’s nest in any tree or on the ground, with young ones or eggs and the mother sitting upon the young or upon the eggs; you shall not take the mother with the young” (Dt 22:4, 6). Along these same lines, rest on the seventh day is meant not only for human beings, but also so “that your ox and your donkey may have rest” (Ex 23:12). Clearly, the Bible has no place for a tyrannical anthropocentrism unconcerned for other creatures.

69. Together with our obligation to use the earth’s goods responsibly, we are called to recognize that other living beings have a value of their own in God’s eyes: “by their mere existence they bless him and give him glory”,[41] and indeed, “the Lord rejoices in all his works” (Ps 104:31). By virtue of our unique dignity and our gift of intelligence, we are called to respect creation and its inherent laws, for “the Lord by wisdom founded the earth” (Prov 3:19). In our time, the Church does not simply state that other creatures are completely subordinated to the good of human beings, as if they have no worth in themselves and can be treated as we wish. The German bishops have taught that, where other creatures are concerned, “we can speak of the priority of being over that of being useful”.[42].  The Catechism clearly and forcefully criticizes a distorted anthropocentrism: “Each creature possesses its own particular goodness and perfection […] Each of the various creatures, willed in its own being, reflects in its own way a ray of God’s infinite wisdom and goodness. Man must therefore respect the particular goodness of every creature, to avoid any disordered use of things”.[43]

70. In the story of Cain and Abel, we see how envy led Cain to commit the ultimate injustice against his brother. […] which in turn ruptured the relationship between Cain and God, and between Cain and the earth from which he was banished. This is seen clearly in the dramatic exchange between God and Cain. God asks: “Where is Abel your brother?”. Cain answers that he does not know, and God persists: “What have you done? The voice of your brother’s blood is crying to me from the ground. And now you are cursed from the ground” (Gen 4:9-11). Disregard for the duty to cultivate and maintain a proper relationship with my neighbour, for whose care and custody I am responsible, ruins my relationship with my own self, with others, with God and with the earth. When all these relationships are neglected, when justice no longer dwells in the land, the Bible tells us that life itself is endangered. We see this in the story of Noah, where God threatens to do away with humanity because of its constant failure to fulfil the requirements of justice and peace: “I have determined to make an end of all flesh; for the earth is filled with violence through them” (Gen 6:13). These ancient stories, full of symbolism, bear witness to a conviction which we today share, that everything is interconnected, and that genuine care for our own lives and our relationships with nature is inseparable from fraternity, justice and faithfulness to others.

The Message of Each Creature in the Harmony of Creation

85. God has written a precious book, “whose letters are the multitude of created things present in the universe”.[54] The Canadian bishops rightly pointed out that no creature is excluded from this manifestation of God: “From panoramic vistas to the tiniest living form, nature is a constant source of wonder and awe. It is also a continuing revelation of the divine”.[55] The bishops of Japan, for their part, made a thought-provoking observation: “To sense each creature singing the hymn of its existence is to live joyfully in God’s love and hope”.[56] This contemplation of creation allows us to discover in each thing a teaching which God wishes to hand on to us, since “for the believer, to contemplate creation is to hear a message, to listen to a paradoxical and silent voice”.[57] We can say that “alongside revelation properly so-called, contained in sacred Scripture, there is a divine manifestation in the blaze of the sun and the fall of night”.[58]

86. The universe as a whole, in all its manifold relationships, shows forth the inexhaustible riches of God. Saint Thomas Aquinas wisely noted that multiplicity and variety “come from the intention of the first agent” who willed that “what was wanting to one in the representation of the divine goodness might be supplied by another”,[60] inasmuch as God’s goodness “could not be represented fittingly by any one creature”.[61] Hence we need to grasp the variety of things in their multiple relationships.[62] We understand better the importance and meaning of each creature if we contemplate it within the entirety of God’s plan. As the Catechism teaches: “God wills the interdependence of creatures. The sun and the moon, the cedar and the little flower, the eagle and the sparrow: the spectacle of their countless diversities and inequalities tells us that no creature is self-sufficient. Creatures exist only in dependence on each other, to complete each other, in the service of each other”.[63]

87. When we can see God reflected in all that exists, our hearts are moved to praise the Lord for all his creatures and to worship him in union with them. This sentiment finds magnificent expression in the hymn of Saint Francis of Assisi:

Praised be you, my Lord,
with all your creatures,
especially Sir Brother Sun,
who is the day and through whom you give us light.
And he is beautiful and radiant with great splendour;
and bears a likeness of you, Most High.

Praised be you, my Lord,
through Sister Moon and the stars,
in heaven you formed them
clear and precious and beautiful.

Praised be you, my Lord, through Brother Wind,
and through the air, cloudy and serene,
and every kind of weather
through whom you give sustenance to your creatures.

Praised be you, my Lord, through Sister Water,
who is very useful and humble
and precious and chaste.

Praised be you, my Lord, through Brother Fire,
through whom you light the night,
and he is beautiful and playful and robust and strong”.[64]

The Crisis and Effects of Modern Anthropocentrism

117. Neglecting to monitor the harm done to nature and the environmental impact of our decisions is only the most striking sign of a disregard for the message contained in the structures of nature itself. (…) Everything is intertwined. Once the human being declares independence from reality and behaves with absolute dominion, the very foundations of our life begin to crumble, for “instead of carrying out his role as a cooperator with God in the work of creation, man sets himself up in place of God and thus ends up provoking a rebellion on the part of nature”.[95]

Human Ecology

155. Human ecology also implies another profound reality: the relationship between human life and the moral law, which is inscribed in our nature and is necessary for the creation of a more dignified environment. Pope Benedict XVI spoke of an “ecology of man”, based on the fact that “man too has a nature that he must respect and that he cannot manipulate at will”.[120] It is enough to recognize that our body itself establishes us in a direct relationship with the environment and with other living beings. The acceptance of our bodies as God’s gift is vital for welcoming and accepting the entire world as a gift from the Father and our common home, whereas thinking that we enjoy absolute power over our own bodies turns, often subtly, into thinking that we enjoy absolute power over creation. Learning to accept our body, to care for it and to respect its fullest meaning, is an essential element of any genuine human ecology. Also, valuing one’s own body in its femininity or masculinity is necessary if I am going to be able to recognize myself in an encounter with someone who is different. In this way we can joyfully accept the specific gifts of another man or woman, the work of God the Creator, and find mutual enrichment. It is not a healthy attitude which would seek “to cancel out sexual difference because it no longer knows how to confront it”.[121]

The Trinity and the Relationship between Creatures

238. The Father is the ultimate source of everything, the loving and self-communicating foundation of all that exists. The Son, his reflection, through whom all things were created, united himself to this earth when he was formed in the womb of Mary. The Spirit, infinite bond of love, is intimately present at the very heart of the universe, inspiring and bringing new pathways. The world was created by the three Persons acting as a single divine principle, but each one of them performed this common work in accordance with his own personal property. Consequently, “when we contemplate with wonder the universe in all its grandeur and beauty, we must praise the whole Trinity”.[169]

239. For Christians, believing in one God who is trinitarian communion suggests that the Trinity has left its mark on all creation. Saint Bonaventure went so far as to say that human beings, before sin, were able to see how each creature “testifies that God is three”. The reflection of the Trinity was there to be recognized in nature “when that book was open to man and our eyes had not yet become darkened”.[170] The Franciscan saint teaches us that each creature bears in itself a specifically Trinitarian structure, so real that it could be readily contemplated if only the human gaze were not so partial, dark and fragile. IIn this way, he points out to us the challenge of trying to read reality in a Trinitarian key.

240. The divine Persons are subsistent relations, and the world, created according to the divine model, is a web of relationships. Creatures tend towards God, and in turn it is proper to every living being to tend towards other things, so that throughout the universe we can find any number of constant and secretly interwoven relationships.[171] This leads us not only to marvel at the manifold connections existing among creatures, but also to discover a key to our own fulfilment. The human person grows more, matures more and is sanctified more to the extent that he or she enters into relationships, going out from themselves to live in communion with God, with others and with all creatures. In this way, they make their own that trinitarian dynamism which God imprinted in them when they were created. (…)

Mary and Joseph

241. Mary, the Mother who cared for Jesus, now cares with maternal affection and pain for this wounded world. Just as her pierced heart mourned the death of Jesus, so now she grieves for the sufferings of the crucified poor and for the creatures of this world laid waste by human power. Completely transfigured, she now lives with Jesus, and all creatures sing of her fairness. She is the Woman, “clothed in the sun, with the moon under her feet, and on her head a crown of twelve stars” (Rev 12:1). Carried up into heaven, she is the Mother and Queen of all creation. In her glorified body, together with the Risen Christ, part of creation has reached the fullness of its beauty. She treasures the entire life of Jesus in her heart (cf. Lk 2:19,51), and now understands the meaning of all things. Hence, we can ask her to enable us to look at this world with eyes of wisdom.

242. At her side in the Holy Family of Nazareth, stands the figure of Saint Joseph. Through his work and generous presence, he cared for and defended Mary and Jesus, delivering them from the violence of the unjust by bringing them to Egypt. The Gospel presents Joseph as a just man, hard-working and strong. But he also shows great tenderness, which is not a mark of the weak but of those who are genuinely strong, fully aware of reality and ready to love and serve in humility. That is why he was proclaimed custodian of the universal Church. He too can teach us how to show care; he can inspire us to work with generosity and tenderness in protecting this world which God has entrusted to us.

Towards the Plenitude

243. At the end, we will find ourselves face to face with the infinite beauty of God (cf. 1 Cor 13:12), and be able to read with admiration and happiness the mystery of the universe, which with us will share in unending plenitude. Even now we are journeying towards the sabbath of eternity, the new Jerusalem, towards our common home in heaven. Jesus says: “I make all things new” (Rev 21:5) Eternal life will be a shared experience of awe, in which each creature, resplendently transfigured, will take its rightful place and have something to give those poor men and women who will have been liberated once and for all.

Let's Walk Singing!

244. In the meantime, we come together to take charge of this home which has been entrusted to us, knowing that all the good which exists here will be taken up into the heavenly feast. Together, with all creatures, we walk on this earth seeking God, because “if the world has a principle and was created, it seeks the one who created it, it seeks the one who gave it a beginning, the one who is its Creator ”. [172] Let us sing as we go! May our struggles and our concern for this planet never take away the joy of our hope.

245. God, who calls us to generous commitment and to give him our all, offers us the light and the strength needed to continue on our way. In the heart of this world, the Lord of life, who loves us so much, is always present. He does not abandon us, he does not leave us alone, for he has united himself definitively to our earth, and his love constantly impels us to find new ways forward. Praised be to Him.

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