Une tempête n'attend pas l'autre

Cette tempête, celle de la Covid-19, comble tous les espaces et meuble par le silence les distanciations et les isolements. On l'a ressenti en voyant François, seul sur la place Saint-Pierre pour la bénédiction Urbi et Orbi:

Nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse […] tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement.
(Prière du pape François, 27 mars 2020)

Comment naviguer ensemble sur cette mer houleuse? Ce vent violent, sur fond de pandémie, menace la vie, bouleverse le tissu social et le havre de nos interactions. Dans cette barque secouée, nous éprouvons l’urgence de maintenir le cap, de rester connectés au «noyau». Nous cherchons un espace où partager nos inquiétudes et aussi, vivre une communion véritable.

Cette thématique me rappelle vivement le récent colloque de l’AMéCO (Association des Médias Catholiques et Œcuméniques), «En pleine tempête», auquel j’ai assisté en octobre dernier. Il était question d’une tout autre tempête, celle que les abus sexuels dans l’Église avaient déclenchée. Les tempêtes se succèdent, de chacune il y a leçons à tirer.

J’espérais beaucoup de ce colloque et j’ai été impressionné par la qualité des interventions qui ont nourri mon désir de témoigner à travers les médias, dans un langage renouvelé. Depuis cette rencontre avec l'AMéCO, me revient souvent en tête l'expression «faire Église» et encore plus en ce temps où la fermeture des églises et des sanctuaires et le manque d'accès aux sacrements nous fait chercher d’autres liens d’Église que ceux auxquels nous sommes habitués.

Ce temps de pandémie, me fait découvrir le rôle important des médias sociaux, le web est plus que jamais un espace propice au témoignage et au partage de la foi.

Le pape François nous invite à temps et à contretemps à nous investir dans les médias, «à aller aux périphéries», vers ceux dont l'espérance est mise à l'épreuve. Il insiste sur le rôle que nous devons assumer en tant que baptisé: devenir un témoin par le partage de notre expérience personnelle et de notre vie de foi. De cette façon, il espère nous voir «ramer ensemble et nous réconforter mutuellement».

Pendant ces temps de silence et d'isolement, promenez-vous sur le web, et vous y verrez foisonner une variété d'initiatives nouvelles et pertinentes: des textes riches, des chants, des moments de prière, de partage, de webdiffusion… Beaucoup pour nourrir sa foi!

Cela peut paraître paradoxal, mais malgré la distanciation sociale, les «connexions» sont multipliées. L'AMéCO joue un rôle dans ce «tissage de liens» entre groupes et associations qui se sont donné pour mission de rendre la foi visible et intelligible dans les médias. En effet, il y a grand besoin de «faire Église» de façon renouvelée. Les bases de notre foi ne changent pas mais son expression doit s'adapter à un contexte social qui évolue au diapason des technologies de la communication et de l'information. Il faut travailler à présenter la foi, à la communiquer aux générations qui nous suivent, d’une façon qui corresponde à notre époque. J’ai constaté cette soif de dialogue entre générations, où parfois, le langage traditionnel sonne creux et ne rassasie pas. C’est par un langage transparent, vrai et personnel que les nouveaux chercheurs de Dieu se sentiront interpellés.

Les grands vents de la pandémie cesseront, et sur la trajectoire de l'histoire, cela n'aura duré qu'un instant, le temps de nous faire réfléchir sur l'éternité. En tirerons-nous les leçons qui s'imposent? Une chose est certaine: Dieu est immuable et il est «présent». À nous d’aller à la rencontre de tous ceux qui se sont découverts «chercheurs» de Dieu. N'attendons pas la prochaine tempête et donnons-nous rendez-vous maintenant dans la barque.

Christian Leboeuf